Tripoli – Le gouvernement d’union est prêt à en découdre avec les djihadistes de l’Etat Islamique en développant une stratégie qui devrait être menée par les libyens eux-mêmes.
« Nous avons commencé concrètement à mettre en place une stratégie et un projet national pour mettre fin au fléau » de l’Etat Islamique, a déclaré jeudi soir le Premier ministre désigné du gouvernement d’union, Fayez al-Sarraj dans un discours télévisé.
Le premier ministre a ainsi affirmé que l’Etat Islamique devra être « anéanti par les Libyens et non par une (…) intervention étrangère ».
Si les libyens sont tant préoccupés « d’anéantir » l’organisation extrémiste, c’est aussi parce que cette dernière a profité du chaos dans lequel est plongé la Libye depuis la chute de Mouammar Kadhafi, en 2011, pour s’implanter dans ce pays riche en pétrole. Daech a établi sa base à quelques centaines de kilomètres des côtes européennes, dans la ville de Syrte où les extrémistes mènent régulièrement des attaques pour étendre leur territoire.
Les derniers chiffres autour de l’Etat Islamique restent inquiétants. Selon des sources américaines et françaises, l’Etat Islamique compterait 3.000 à 5.000 combattants en Libye, dont des centaines de soudanais, tunisiens, yéménites ainsi que des nigérians de Boko Haram, entrainés pour mener des attaques dans d’autres pays.
Le ministre italien des affaires étrangères, Paolo Gentiloni en a profité pour confirmer qu’il était favorable à une levée de l’embargo sur les armes en faveur du gouvernement d’union, notamment pour lutter contre « le terrorisme ». Un embargo voté en 2011 par l’ONU, mais violé à plusieurs reprises.
Les européens proposent également aux libyens de les soutenir dans cette lutte en procédant à des frappes aériennes comme en Syrie ou en Irak.
Mais le premier ministre libyen du gouvernement d’Union, Fayez al-Sarraj, insiste sur la nécessité d’une action concertée entre forces libyennes. C’est à dire, entre toutes les milices et les factions armées qui se sont formées après la mort du guide libyen et qui continuent à être actives de manière indépendantes, malgré l’installation de ce gouvernement d’union à Tripoli le 30 mars dernier. Un gouvernement d’Union soutenu par les Nations Unies, les européens, les américains et des pays voisins d’Afrique du Nord. Mais l’une des difficultés majeures reste l’attachement de certains membres du parlement libyen basé dans l’Est du pays, à des forces armées dirigées par le très controversé commandant Khalifa Haftar. Le gouvernement d’Union craint que ce dernier ne mène parallèlement une offensive contre l’Etat islamique. Ce qui provoquerait un autre chaos qui pourrait replonger le pays dans une nouvelle « guerre civile ».
Aujourd’hui, le gouvernement d’Union attend encore le vote de confiance du parlement libyen.
Crédit photo: Ahmud Turkia