Lorsqu’on hurle dans le desert, il est toujours très difficile, voire impossible de se faire entendre. Mais lorsque ces cris transpercent les mûrs des réseaux sociaux ou encore des médias internationaux, là, plus personne ne peut dire qu’il n’ a pas vu, pas lu, pas entendu. C’est le cas de l’ignominie que vit Béni depuis… 20 ans maintenant. Beaucoup ont l’impression que c’est un phénomène récent, mais non…Il est beaucoup trop vieux maintenant. Et la population de Béni, n’en peut plus de tous ces meurtres, massacres, carnages, tueries, viols, sous l’oeil sans sourciller de 20000 casques bleus, présents chaque jour.
Et un évènement récent vient encore une fois de montrer jusqu’où l’être humain peut aller dans l’horreur: Des femmes enceintes éventrées, des enfants égorgés, des bébés tailladés à l’arme blanche ( machettes, couteaux, haches…) Un quotidien bien trop lourd à porter pour une population qui n’en peut plus d’être torturée et qui vit chaque journée la peur au ventre.
Mais ce qui effraie par dessus tout, c’est le silence des autorités locales et de la communauté internationale, qui savent par exemple que depuis octobre 2014, plus de 1000 âmes ont perdu la vie dans cette région qui n’a de bénédictions que son nom. Car oui, Béni est maudite par l’indifférence générale. Alors, si la politique ne réagit pas, c’est la société civile qui a décidé de prendre le problème à bras le corps. Elle a donc envoyé une lettre de six pages au président Joseph Kabila. Six pages où les populations demandent, corps et âmes, une intervention de l’armée, mais aussi de donner un grand coup de balai au sein même de ce corps habillé, car si les assasins sont des rebelles ougandais et rwandais, il est avéré que certains militaires se transforment en tueurs, alors qu’ils sont sensés protéger la population. Mais en plus de cette lettre, les habitants de Béni ont décidé depuis ce jeudi 19 mai 2016, une grève de trois jours; trois journées “ville morte” afin d’interpeller sur toutes ces tueries, mais aussi et surtout sur l’inefficacité de la MONUSCO, qui est le plus gros contigent de casques bleus dans le monde et l’un des plus couteux à l’ONU, avec 20000 hommes. Alors, que fait la MONUSCO?
Avant même de répondre à cette question, les réseaux sociaux s’organisent, des images chocs des massacres y circulent, des hastags de protestation mais aussi de soutien aux habitants de Béni naissent. Des personnalités congolaises, à l’instar du héros dr Denis Mukwege, qui a lancé le 17 Mai un véritable appel à réagir, se font de plus en plus entendre. Et les habitants de Béni sont prêts à aller jusqu’ à ne plus payer ni taxes, ni impôts et menacent même de brûler le par national de la Virunga, situé dans les forêts où se cachent les assassins.
Lorsqu’on hurle dans le desert, il est toujours très difficile, voire impossible de se faire entendre. Mais lorsque ces cris transpercent les mûrs des réseaux sociaux ou encore des medias internationaux, là, plus personne ne peut dire qu’il n’a pas vu, pas entendu, pas lu.
Illustration: M KADIMA