La souche du virus Zika, responsable des cas de microcéphalies en Amérique latine, s’est propagée pour la première fois à un pays africain, le Cap-Vert, une évolution jugée “préoccupante” par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
“C’est la première fois que la souche de Zika responsable de troubles neurologiques et de microcéphalie (…) a été détectée en Afrique”, a déclaré vendredi le Dr Matshidiso Moeti, directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique, lors d’une conférence de presse à Genève.
Cette souche, qui est la souche asiatique du virus à l’origine de l’épidémie actuelle au Brésil et dans plusieurs pays d’Amérique latine, a été retrouvée grâce au séquençage du virus-réalisé par l’institut Pasteur à Dakar-sur plusieurs cas de Zika au Cap-Vert, archipel d’Afrique de l’Ouest.
“C’est le même matériel génétique que le virus au Brésil”, pays le plus touché par cette épidémie, a précisé une porte-parole de l’OMS, Marsha Vanderford, à l’AFP.
“Les résultats sont préoccupants parce qu’ils sont une preuve supplémentaire que l’épidémie se propage au-delà de l’Amérique du Sud et se trouve aux portes de l’Afrique”, a ajouté Mme Moeti.
“Cette information va aider les pays africains à réévaluer leur niveau de risque et à adapter et augmenter leurs niveaux de préparation”, a-t-elle encore dit.
Fin 2013, c’est en Afrique de l’Ouest qu’est déjà apparu un autre virus, la fièvre hémorragique Ebola. Partie du sud de la Guinée, l’épidémie a fait officiellement plus de 11.300 morts, essentiellement en Guinée, en Sierra Leone et au Libéria.
L’épidémie de Zika, un virus transmis par le moustique Aedes aegypti ou lors de relations sexuelles, s’est elle déclarée en Amérique latine en 2015 et s’est rapidement étendue dans la région.
Le virus Zika a été découvert pour la première fois en 1947 en Ouganda.
La souche asiatique est tenue pour responsable de nombreux cas de malformations congénitales chez les nourrissons, en particulier la microcéphalie (malformation de la boîte crânienne), et de maladies neurologiques rares chez les adultes, dont le syndrome de Guillain-Barré.
Le pays le plus affecté est le Brésil, avec quelque 1,5 million de personnes touchées et quelque 1.300 cas de microcéphalie.
L’OMS est d’autant plus inquiète suite à la découverte de la souche asiatique au Cap-Vert qu’elle ignore quel est le degré d’immunité de la population africaine.
Le Dr Bruce Aylward, directeur général adjoint de l’OMS, a expliqué vendredi à Genève que la souche africaine du virus Zika a circulé pendant des décennies en Afrique, mais qu’il était difficile de savoir si la population pouvait être immunisée ou pas à la souche asiatique.
Il a souligné qu’il était nécessaire de pouvoir rapidement déterminer ce niveau d’immunité pour que les pays puissent se préparer notamment “au pire des scénaris”.
L’OMS pense que le virus est arrivé au Cap-Vert par le biais d’un voyageur venu d’Amérique du Sud. “Puis il y a eu une transmission locale, il ne s’agit pas que de cas importés”, a précisé Mme Vanderford.
En date du 8 mai, 7.557 cas suspects du virus Zika et trois cas de microcéphalies ont été enregistrés au Cap-Vert. Aucun cas de syndrome de Guillain-Barré n’a été détecté.
L’OMS ne recommande toutefois pas de restreindre les voyages à destination du Cap-Vert.
En février, l’agence onusienne a déclaré le Zika – contre lequel il n’existe ni vaccin ni traitement – comme étant une urgence médicale mondiale en raison du lien entre le virus et l’augmentation des cas de microcéphalie chez les nouveaux-nés.
Selon l’OMS, l’épidémie reflue en Amérique latine et dans les Caraïbes. L’OMS a appelé à la vigilance mercredi les pays d’Europe les plus exposés au risque de propagation du virus Zika afin de prévenir toute épidémie à l’approche de l’été. Dans la plupart des cas, le Zika provoque des symptômes bénins qui passent souvent inaperçus.