Afrique et plan Italiens migrants

Rome – Des pays africains, réunis ce mercredi à Rome, en Italie, ont apporté leur soutien aux efforts pour stabiliser la Libye, et à ceux visant à mieux freiner l’arrivée de migrants en Europe, mettant toutefois en garde contre toute idée « d’Europe forteresse. »

“La situation en Libye mérite toute notre attention. Ce pays est en passe de devenir un sanctuaire du terrorisme”, a déclaré le ministre tchadien des Affaires étrangères, Moussa Faki Mahamat, dont le pays exerce la présidence tournante de l’Union africaine (UA). 

Le ministre s’exprimait à l’ouverture de la première conférence Italie-Afrique, organisée mercredi à Rome avec la participation d’une quarantaine de pays d’Afrique subsaharienne.  

“Nous adressons une invitation à réaliser la paix et la concorde nationale dans ce pays (la Libye, NDLR) et nous nous félicitons de la mise en place du gouvernement d’union nationale”, a-t-il ajouté. 

“Nous saluons les décisions courageuses prises à Vienne”, a poursuivi le chef de la diplomatie tchadienne, en référence à la décision, prise lundi dans la capitale autrichienne par les grandes puissances et les pays voisins de la Libye, de soutenir le réarmement du gouvernement d’union nationale à Tripoli. 

La stabilisation de la Libye, d’où part l’écrasante majorité des migrants qui arrivent sur les côtes italiennes, est une des priorités du gouvernement italien. Mais au-delà, son chef Matteo Renzi, a récemment défendu l’idée d’un vaste plan, baptisé “migration compact” pour stabiliser les flux de migrants en provenance d’Afrique subsaharienne. 

Rome préconise d’investir, éventuellement par des emprunts européens, dans des projets de développement et de coopération pour aider les pays les plus concernés par ces flux migratoires à les ralentir. 

Ce projet a recueilli “un large consensus” au sein de l’Union européenne (UE) et “de nombreuses voix africaines y sont très favorables”, s’est félicité mercredi le chef de la diplomatie italienne, Paolo Gentiloni. 

Il a précisé travailler pour que le sommet européen de juin, parvienne à prendre des décisions concrètes sur des “projets spécifiques dans sept à huit pays africains, ceux les plus touchés par les phénomènes migratoires”. 

“Nous avons l’intention avec le « Migration Compact » de proposer un grand pacte euro-africain en échange de grands investissements, mais alors là vraiment de grands investissements, car les 1,8 milliard d’euros (promis) à La Valette, c’est trop peu”, a précisé à l’AFP le vice-ministre italien Mario Giro, en charge des questions africaines. 

Les pays de l’UE avait lancé en novembre dernier lors d’une réunion à Malte un fonds de 1,8 milliards d’euros pour aider l’Afrique à lutter contre les causes profondes des migrations, mais l’Italie souhaiterait des moyens financiers plus importants, soutenue en cela par la plupart des pays africains concernés. 

Selon M. Giro, Matteo Renzi et la chancelière allemande Angela Merkel ont parlé récemment à Rome d’investissements structurels d’une valeur de 10 milliards d’euros dans les sept pays africains d’où proviennent la majorité des migrants. 

“En échange de ça, on travaille ensemble et on gère ensemble les flux et les migrations et aussi l’aspect sécuritaire”, a expliqué M. Giro. 

“Aujourd’hui il faut régler la question de la Libye. Tant qu’on ne règle pas la question de la Libye il sera difficile de faire face à ces départs massifs d’Africains des côtes libyennes vers l’Europe”, a déclaré de son côté à l’AFP Mankeur Ndiaye, ministre sénégalais des Affaires étrangères. 

“Stabiliser la Libye permettra de lutter contre l’immigration clandestine”, a-t-il ajouté, soulignant cependant la nécessité de maintenir des canaux d’immigration légale en raison de l’importance pour les économies africaines des transferts de fonds. 

“L’apport des migrants au développement de nos pays est extraordinaire. La migration irrégulière, il faut la combattre mais il faut créer les conditions pour une migration régulière légale”, a précisé le chef de la diplomatie sénégalaise. 

Cette demande avait déjà été formulée lors du sommet de Malte où plusieurs responsables africains avaient mis en garde contre toute idée « d’Europe forteresse. » 

L’Italie entend organiser ce genre de réunions ministérielles avec les pays africains tous les deux ans, a par ailleurs précisé M. Gentiloni. 

 

                                                                                                                     

Crédit photo: Marine italienne

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