Pékin – Xi Jinping a fait vibrer la corde nationaliste mardi, évoquant “les batailles sanglantes” livrées par la Chine pour tenir son rang parmi les nations, dans son premier discours solennel depuis qu’il a obtenu le droit de se maintenir au pouvoir à vie.
Réélu samedi à l’unanimité par le parlement pour un deuxième mandat de cinq ans, le président chinois a décliné devant les députés sa vision de sa “nouvelle ère” du socialisme, dans une allocution souvent lyrique à la gloire de la plus ancienne civilisation humaine.
Depuis près de deux siècles, “les Chinois se montrent indomptables et tenaces, avec le courage de livrer jusqu’à la fin des batailles sanglantes contre leurs ennemis“, a-t-il assuré.
L’homme fort de Pékin, considéré comme le plus puissant dirigeant chinois depuis au moins un quart de siècle, a profité de la clôture de la session plénière annuelle de l’Assemblée nationale populaire (ANP) pour adresser une nouvelle mise en garde à Taïwan, l’île revendiquée par Pékin depuis 1949.
Cet avertissement survient alors que les Etats-Unis viennent d’adopter une loi autorisant des hauts responsables américains à se rendre à Taïwan et vice-versa. Cette loi est un camouflet pour Pékin qui se considère comme le seul représentant légitime de Taïwan et n’autorise pas de contacts entre le gouvernement taïwanais et des pays étrangers.
Une “nouvelle Longue marche”
Xi Jinping a rondement mené la session de l’ANP, dont les députés triés sur le volet par le régime communiste lui ont offert à la quasi-unanimité une réforme de la constitution afin de supprimer la limite de deux mandats présidentiels.
Déjà maître du Parti communiste chinois (PCC) et des armées, il peut désormais envisager une présidence à vie, d’autant que “le rôle dirigeant” du parti au pouvoir a été réaffirmé dans la constitution.
“L’histoire a prouvé et continuera à prouver que seul le socialisme peut sauver la Chine“, a lancé M. Xi, alors que la République populaire célébrera l’an prochain le 70e anniversaire de sa fondation.
Xi Jinping, qui est souvent comparé au fondateur du régime, Mao Tsé-toung (1949-76), a semblé cultiver le parallèle en évoquant une “nouvelle Longue marche” vers la modernisation du pays, en référence à l’un des épisodes de la lutte pour le pouvoir livrée par les communistes dans les années 1930.
Xi Jinping a obtenu durant la session que sa “Pensée” soit intégrée dans la constitution, un honneur qui jusqu’à présent n’avait été offert qu’à Mao. La presse officielle vient aussi de ressortir le terme de “timonier” au profit de l’actuel dirigeant, sans toutefois le faire encore précéder de l’adjectif “grand” qui était l’apanage de Mao Tsé-toung.
Le parlement a aussi entériné la création d’un nouvel organe anti-corruption, qui pourrait étendre à l’ensemble de la fonction publique une chasse aux pots-de-vin qui était réservée jusqu’ici aux cadres du PCC.
Depuis l’arrivée au pouvoir de M. Xi, plus de 1,5 million d’entre eux ont déjà été sanctionnés à la faveur de cette campagne, soupçonnée de servir aussi de prétexte pour éliminer les adversaires du président.
En direction des pays étrangers, M. Xi a assuré que l’essor phénoménal de son pays en près de quatre décennies de réformes ne constituait “pas une menace” pour quiconque.
“La Chine ne sacrifiera jamais les intérêts des autres pays pour assurer son propre développement“, a lancé le chef du géant asiatique, en butte aux menaces protectionnistes du président américain Donald Trump.
“Seuls ceux qui ont pour habitude de menacer les autres considèrent les autres comme une menace“, a-t-il observé dans une allusion voilée aux pays occidentaux et notamment aux Etats-Unis.