Le Caire – Le photojournaliste Mahmoud Abu Zeid dit “Shawkan”, détenu depuis 2013 pour avoir couvert la répression sanglante d’une manifestation d’islamistes au Caire, a été remis en liberté lundi matin, a-t-on appris auprès de son avocat.
“Il est sorti à 06H00 (04H00 GMT) du commissariat d’Al Haram (près des pyramides de Guizeh, ndlr), et il est actuellement chez lui“, a dit à l’AFP Me Taher Aboul Nasr.
Shawkan devra observer un contrôle judiciaire strict pendant cinq ans, l’obligeant à dormir au commissariat de son quartier chaque soir.
Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) a dénoncé lundi ces conditions. Le coordinateur Moyen-Orient et Afrique du Nord de l’ONG, Sherif Mansour, cité dans un communiqué, a appelé “les autorités (égyptiennes) à mettre fin au traitement honteux de ce photojournaliste en supprimant toute condition à sa remise en liberté“.
Lundi matin, plusieurs photos du photographe trentenaire, arborant un large sourire ou bien tenant un appareil photo, circulaient sur les réseaux sociaux.
Un tribunal l’avait condamné à cinq ans de prison en septembre, ce qui couvrait sa détention. Mais le photographe est resté en prison plusieurs mois après cette décision, sa situation n’ayant pas été régularisée avec l’administration pénitentiaire au moment de la décision du tribunal.
Selon son avocat, un appel de cette condamnation a été interjeté.
Lauréat du prix mondial de la liberté de la presse de l’Unesco en mai, Shawkan était poursuivi pour “meurtre, tentative de meurtre et appartenance à un groupe terroriste“, et risquait la peine de mort.
Plusieurs ONG internationales ont milité sans relâche pour sa libération, dénonçant à travers le cas du photojournaliste une attitude répressive du pouvoir vis-à-vis des médias en Egypte.
Plus de 700 personnes avait été jugées en septembre en même temps que Shawkan. Soixante-quinze d’entre elles, dont des dirigeants des Frères musulmans, avaient été condamnés à mort.
La plupart des accusés étaient accusés d’avoir tué des policiers ou d’avoir vandalisé des biens publics en août 2013, lors d’émeutes au Caire.
La Haut-commissaire des Nations unies pour les droits de l’Homme, Michelle Bachelet, avait dénoncé ce verdict, estimant que les droits des accusés avaient été “ignorés de manière flagrante“.
Le ministère égyptien des Affaires étrangères l’avait accusée, en réponse, de “manque d’objectivité“.
Outre Shawkan, 214 autres personnes avaient écopé de cinq ans de prison. Certains, libérables, ont également été remis en liberté lundi.
Elu président en 2014, puis réélu en 2018, Abdel Fattah al-Sissi, ex-chef de l’armée et architecte de la destitution de Mohamed Morsi, est régulièrement accusé par les organisations de défense des droits humains d’avoir instauré un régime ultra-répressif.