«Toute personne a droit à l’éducation», comme le stipule l’article 26 dans son alinéa 1, de la déclaration universelle des droits de l’Homme.
La transmission du savoir est un exercice noble et ardu, l’enseignant de facto est un acteur majeur dans un pays ou les dirigeants ont une réelle volonté d’avoir une population élitiste.
Une année académique compte 9 mois, malheureusement dans plusieurs pays africains, notamment au Gabon lorsqu’une année scolaire commence parfois avec deux ou trois mois de retard, on n’est jamais certain qu’elle ira à son terme et que les programmes seront achevés.
Cette situation est liée aux interruptions intempestives des cours, consécutives aux multiples grèves des différents syndicats du secteur de l’éducation.
Le Ministère de l’éducation nationale et celui de l’enseignement supérieur, ont la réputation d’être des ministères à problèmes au Gabon.
Depuis 1990, l’éducation nationale est le seul ministère au Gabon , qui subit régulièrement des changements a sa tête, et pour couronner le tout la brusque démission du professeur Léon Nzoumba le 31 août 2014 est venue confirmer le profond malaise chronique qui existe entre cette administration et ces syndiqués depuis 26 ans .
Signalons que les syndicats sont devenus aussi nombreux que les partis politiques et que leur mode de fonctionnement est identique. A savoir :
Le manque d’expression démocratique et d’alternance lors des assemblées générales électives des dirigeants , la politisation des luttes syndicales et les guerres de leadership que se livrent ces différents responsables syndicaux.
Cette forme de dictature syndicale n’aide personne à trouver des solutions définitives, face au problème des grèves à répétition qui oppose le gouvernement aux enseignants.
Ce sempiternel bras de fer ayant pour conséquence immédiate, la paralysie du système éducatif gabonais.
«Arrêtons nous un temps soit peu sur le comportement des enseignants. Que revendiquent-ils réellement ?»
Le payement de la prime d’incitation a la profession enseignante ( PIFE ), le payement des primes de surveillance des examens d’État, l’octroi des parcelles de terrain aux enseignants, l’intégration d’un millier d’enseignants des cycles primaires et secondaires, les avancements et les reclassements dans l’administration, le payement des rappels sur salaire et enfin la construction des nouvelles salles de classe pour résoudre le problème des effectifs pléthoriques ( 130/classe ).
Unanimement, tous les gabonais s’accordent à reconnaitre que leur système éducatif est malade, et cela se confirme par :
La baisse du niveau scolaire, du primaire au supérieur, qui occasionne le faible taux de réussite aux différents examens, la mauvaise qualité des enseignants et les conditions de leur recrutement, au public comme au privé, la prolifération des établissements privés et le manque de contrôle des autorités, et enfin la démission de certains parents.
Voilà autant de facteurs qui favorisent la chute du niveau scolaire des enfants et l’obsolescence de ce système.
En 2010, un an après l’installation aux commandes de l’État, le pouvoir actuel avait encore organisé des États généraux de l’éducation nationale en marge de ce qui avait déjà été fait en 1983 par son prédécesseur.
Du 17 au 18 mai 2010 ces assises ont vu la participation des instituteurs, des professeurs , conseillers et inspecteurs pédagogiques du secondaire et des assistants du supérieur en présence du chef de l’État.
Ces États généraux, sous le thème de la refondation du système éducatif gabonais dans la vision de l’émergence, ont débouché sur la loi 21/2011 promulguée le 14/02/2014.
Loi qui a créé le conseil national de l’éducation et de formation (CNEFOR), suivi un mois plus tard par le décaissement du trésor public de la colossale somme de 155,9 milliards de FCFA destinés au CNEFOR qui est chargé d’évaluer la mise en oeuvre des grands projets du gouvernement et notamment dans le domaine de la formation, de la recherche, des infrastructures et d’équipements.
Les questions que les parents et les apprenants qui payent le plus lourd tribut causé par les perturbations des cours sont les suivantes:
1) Qu’est ce que le CNEFOR est devenu 2 ans après sa création ?
2) Les 155,9 milliards qui lui ont été destinés ont-ils été utilisés à bon escient, car il s’agit tout de même de l’argent du contribuable ?
3) A quoi ont servi ces États généraux puisque les grèves persistent ?
4) Les enseignants posent-ils mal leurs revendications, ou alors c’est l’État qui a du mal à y répondre?
5) Et enfin jusqu’à quand les enfants gabonais seront-ils pris en otage par les uns et les autres ?
Entre les appétits des enseignants jugés trop égoïstes et abusifs par les uns et légitimes par les autres, et la mauvaise volonté politique des autorités d’offrir à la jeunesse gabonaise une éducation de qualité, le peuple gabonais assiste impuissamment à un véritable gâchis intellectuel qui s’opère depuis 1990 dans le pays.
Anéantissant ainsi les chances des milliers d’enfants de devenir l’élite de demain.
Tous ces acteurs doivent savoir que les hommes passent, mais que le Gabon demeurera toujours. Et que la jeunesse d’aujourd’hui représente les adultes de demain. Ceux-là même qui devront gérer le pays demain.