Marches opposition RDC : Au moins un mort

Kinshasa – Une personne au moins a été tuée ce jeudi, en marge de manifestations de l’opposition contre le président Joseph Kabila en République démocratique du Congo (RDC), où des affrontements avec la police ont éclaté à Kinshasa et Goma.

A Goma, dans l’Est de la RDC, plusieurs échauffourées ont eu lieu. Ida Sawyer de l’ONG Human Rights Watch a affirmé sur son compte Twitter que la police avait ouvert le feu sur des manifestants, faisant plusieurs blessés. 

Selon José Maria Aranaz, chef du Bureau conjoint des Nations unies pour les droits de l’Homme en RDC, une policière et un manifestant ont été tués lors de ces heurts, mais le colonel Pierre Rombaut Mwanamputu, porte-parole national de la police, a affirmé qu’aucun agent n’avait perdu la vie et qu’un “pillard” avait été tué accidentellement alors qu’il tentait de subtiliser l’arme d’un policier. 

Trois coalitions d’opposants avaient appelé la population à descendre dans la rue sur tout le territoire congolais pour exiger la tenue d’une présidentielle avant le terme du mandat de M. Kabila, le 19 décembre, à qui la Constitution interdit de se représenter pour un 3e mandat. 

Les manifestants entendaient également dénoncer un récent arrêt de la Cour constitutionnelle autorisant le chef de l’État à se maintenir en fonction si l’élection n’est pas organisée d’ici là, comme cela semble chaque jour un peu plus probable. 

Les autorités locales avaient autorisé la marche de l’opposition à Kinshasa mais au Nord-Kivu, province de l’Est de la RDC dont Goma est la capitale, toute manifestation avait été interdite, tout comme à Lubumbashi, la deuxième ville du pays, dans le Sud-Est. 

Selon M. Aranaz, à l’échelle du pays, trois manifestations se sont déroulées sans encombres, toutes dans l’Est : à Bunia (Ituri) ainsi qu’à Bukavu et Uvira (Sud-Kivu). Celle de Bukavu aurait rassemblé environ 2.500 personnes. 

A Lubumbashi, fief de l’opposant Moïse Katumbi, candidat à la présidentielle ayant quitté le pays vendredi dernier pour se faire soigner en Afrique du Sud, un déploiement massif des forces de l’ordre a dissuadé toute volonté d’attroupement. 

A Kinshasa, ville de 10 millions d’habitants, quelque 5.000 personnes sont parties en fin de matinée de l’avenue de l’Enseignement, où plusieurs partis d’opposition ont leur siège, selon une journaliste de l’AFP. 

Le cortège, aux couleurs de nombreux drapeaux de divers mouvements politiques, a grossi en chemin alors que les manifestants scandaient “Non à un troisième mandat” ou encore “Telema !” (Peuple “lève-toi !” en lingala), “Kabila dégage !”, “Yebela !” (Méfie-toi !”). 

La manifestation s’était éloignée depuis longtemps de l’itinéraire autorisé lorsque la police a tiré des grenades lacrymogènes sur le cortège. Des pierres ont alors fusé de la foule vers les agents, qui ont fini par charger pour disperser les manifestants. 

“Ce n’est pas l’itinéraire, qu’est-ce qu’ils sont allés faire là ‘” a déclaré à l’AFP le colonel Mwanamputu, “dans ces cas-là, rien à faire, on n’a pas à négocier, on disperse”. 

“Aujourd’hui, le peuple a dit non à l’arrêt de la Cour constitutionnelle, le peuple a dit qu’il veut des élections dans le délai”, a estimé Vital Kamerhe, président de l’Union pour la Nation congolaise (UNC), l’un des trois grands partis d’opposition représentés au Parlement après avoir participé à la marche de Kinshasa. “Le pouvoir est (…) aux abois, le pouvoir a peur”, a-t-il affirmé à l’AFP. 

Au vu du nombre de manifestants à Kinshasa, Jean-Pierre Kambila, directeur de cabinet adjoint de M. Kabila, a qualifié pour sa part sur Twitter d'”échec cuisant” la mobilisation de l’opposition. 

Selon M. Aranaz, 59 personnes ont été arrêtées dans le pays en marge des manifestations jeudi. Le colonel Mwanamputu a déclaré pour sa part à l’AFP que “20 mineurs” arrêtés à Goma étaient toujours détenus vers 17H30 (16H30 GMT) et ajouté que cinq personnes avaient été “brièvement interpellées” à Kinshasa. 

Mercredi soir, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-Moon avait indiqué être “profondément préoccupé” par la situation politique au Congo, pays ravagé par deux guerres entre 1997 et 2003 et dont la partie orientale continue d’être déchirée par la violence de multiples conflits armés. 

Crédit photo: Fiston Mahamba

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