RDC : Que cherche exactement Joseph Kabila ?

L‘Afrique et plus particulièrement l’Afrique centrale et la région des Grands Lacs, ou l’obsession de l’exercice du pouvoir sans interruption, est devenue une véritable gangrène, plus néfaste que le sida et ébola pour les populations de ces parties du continent.

Le refus catégorique des populations à la légalisation du fléau qu’est la mauvaise pratique des principes universels de démocratie, caractérisés par la monarchisation du pouvoir conduit les dictateurs à recourir aux impopulaires modifications constitutionnelles que nous observons à travers certains pays.

Situation qui, malheureusement, va inéluctablement réactiver les foyers de tension qui ont du mal à s’éteindre et en créer d’autres dans cette zone d’Afrique centrale et des Grands Lacs, dont le sous-sol regorge de plusieurs richesses qui ne profitent pas aux peuples de ces pays.

La République Démocratique du Congo (RDC), ne déroge pas à la règle des manipulations constitutionnelles qui se généralisent en Afrique.Le plus vaste pays d’Afrique dont la quantité et la qualité des richesses souterraines sont considérées comme un scandale géologique, et très convoitées par les grandes puissances, est dirigé par Joseph Kabila Kabangé qui estime au regard des actes antidémocratiques qu’il pose, qu’il peut aisément continuer à présider aux destinés de ce pays sans se soumettre au suffrage universel dont la constitution actuelle lui interdit formellement de solliciter un 3eme mandat. Trois ans après la conquête du pouvoir par les armes à l’issue d’une sanglante guerre civile l’ayant opposé à Mobutu Sésé Sécko, Laurent Désiré Kabila fut assassiné par le caporal Rachide, membre de sa garde rapprochée, qui avait été aussitôt abattu par d’autres militaires sur le champs, laissant plusieurs questions planées dans les esprits des congolais étant donné que les raisons de ce crime au sommet de l’État demeurent mystérieuses. Le successeur de Mobutu n’ayant pas pensé à revoir les textes par rapport à la vacance du pouvoir, c’est dans cet imbroglio juridique qu’un jour, après son assassinat, son fils Joseph Kabila Kabangé s’impose à la tête du pays à 30 ans, le 17 janvier 2001, avec l’aide de certains membres de l’entourage immédiat de son défunt père. Signalons aussi que Joseph Kabila se faisait appeler Hippolite Kabangé Mtwale en Tanzanie pour des raisons de sécurité dit-on. Sous le régime de Mobutu, il s’occupait des pêcheries que son père possédait au lac Tanganyita, puis a rallié les rangs de son père dans le maquis, où il a été formé au métier des armes par le chef d’État major Rwandais James Kabarebé et est devenu major général à l’issue de cette formation. Ce n’est qu’après avoir régné dans l’illégalité et l’illégitimité pendant 5 ans, de 2001 à 2006, et sous la pression de la communauté internationale que Kabila fils va enfin se décider à organiser les premières élections présidentielles et législatives libres et démocratiques depuis 1960, année de l’indépendance du pays. 

Élections que la communauté internationale a financé à hauteur de 370 millions, pour une population de 60 millions d’habitants avec un corps électoral de 25, 6 millions en 2006.

 Voici les articles à polémique de la constitution de la RDC : 

Kabila et ses alliés, pour prolonger indéfiniment son mandat qui prend fin légalement le 19 novembre 2016, brillent par une interprétation ambigüe de l’article 70 dans son alinéa 2 qui dit ceci : << à la fin de son mandat le président de la république restera en fonction jusqu’à l’installation effective du nouveau président élu >>. Contrairement à l’opposition et la société civile qui estiment que l’article 70 ne peut s’interpréter qu’en lisant l’article 73 qui lui stipule ceci : << Le scrutin pour l’élection du président de la république est convoqué par la commission nationale indépendante 90 jours avant l’expiration du mandat du président en exercice >>.

Par conséquent, selon les opposants, l’article 70 que Kabila brandit ne peut s’appliquer que si l’élection présidentielle a eu lieu et que son vainqueur se trouve dans l’attente de son investiture.

Les moyens artificieux dont use Joseph Kabila Kabangé en s’appuyant incongrûment sur l’article 70, sont de nature à laisser entendre à la communauté internationale et  aux observateurs de la vie politique congolaise qu’il n’a nullement l’intention d’organiser des élections dans les délais.

Où est la différence entre la manie de se servir d’une Cour Constitutionnelle aux ordres acquis à ses basses intentions pour légaliser un 3eme mandat, que cette institution lui a octroyé grâce au blocage de l’organisation des élections et la modification des textes qui limitent le mandat présidentiel, puisque les deux cas de figure peuvent être considérés comme coup d’État constitutionnel ?

L’argumentaire selon lequel le pays n’aurait pas suffisamment d’argent pour financer des élections est fallacieux et inapproprié, dans un pays aussi riche que la RDC.

Il est utile de préciser que la même astuce avait déjà été brandi par Joseph Kabila en 2006, d’où la communauté internationale l’avait contraint à l’organisation des élections en acceptant de les financer.

Élections dont l’UDPS de Étienne Tshisekédi avait refusé de prendre part pour manque de transparence, mais qui a vu Joseph Kabila et Jean Pierre Bemba s’affronter au second tour, à l’issu duquel des combats à l’arme lourde avaient eu lieux à Kinshasa entre les deux finalistes. Au final, Jean Pierre Bemba avait été livré à la CPI.

Moise Katumbi, depuis sa déclaration de candidature, est devenu la cible idéale du pouvoir, pour distraire les congolais et la communauté internationale, en laissant de coté le gouffre dans lequel Kabila a décidé, délibérément, de plonger le pays aujourd’hui, en refusant fermement de quitter le pouvoir au terme des deux mandats que la constitution lui confère.

Les congolais ont déjà vécu ce genre d’acrobatie constitutionnelle avec feu Mobutu Sésé Sécko en 1991. Ce dernier avait conditionné son départ du pouvoir à l’issu d’un 3eme mandat de 7 ans à l’élection de son successeur, tout en usant de manoeuvres dilatoires pour ne pas organiser les élections.

 Conséquence: Joseph Désiré Kabila est sorti du maquis avec ses troupes et la chute de Mobutu a été si rapide qu’il a fui le pays.

Face aux subterfuges de Joseph Kabila, la grande question que beaucoup d’observateurs se pose est la suivante:

Si la RDC est réellement en incapacité financière d’organiser les élections, pourquoi ne pas recourir à la communauté internationale comme en 2006 pour trouver les financements puisque c’est un argent qui est donné sous forme de prêt ?

Laurent Désiré Kabila, qui croyait combler le déficit démocratique, dont a longtemps souffert ce pays en le rebaptisant République Démocratique du Congo pour interpeller les consciences de ces concitoyens sur l’importance de la démocratie dans une société moderne, doit sans aucun doute se retourner dans sa tombe.

Mais son fils, lui, préfère la République Dictatoriale du Congo, car le blocage volontaire des élections par ce dernier risque inévitablement de conduire le pays dans l’abime.

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