Figure emblématique du cinéma africain des années 1980-2000, auteur d’une quarantaine de films, le metteur en scène a été récompensé dans les plus grands festivals. Il obtient notamment le Grand Prix du Jury à Cannes pour Tilaï en 1990.
Idrissa Ouedraogo n’est plus. Le grand réalisateur et producteur est décédé ce dimanche 18 février en son pays natal, le Burkina Faso, à l’âge de 64 ans, a annoncé l’Union nationale des cinéastes du Burkina dans un communiqué transmis à l’AFP. Il est mort «ce matin à 5h30 (locales et GMT) des suites de maladie» dans une clinique de Ouagadougou, précise le texte officiel.
Figure emblématique du cinéma africain des années 1980-2000, auteur d’une quarantaine de films, Idrissa Ouédraogo a été récompensé dans les plus grands festivals, et aura contribué au rayonnement de la culture burkinabé dans le monde.
Tilaï, une tragédie grecque dans l’Afrique contemporaine
Idrissa Ouédraogo avait commencé sa carrière cinématographique en 1981 avec une fiction intitulée Poko qui avait obtenu, la même année, le prix du meilleur court-métrage au Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco). Après avoir complété sa formation à l’Institut des hautes études cinématographiques (Idhec) de Paris et à la Sorbonne, il réalise en 1986 son premier long-métrage Yam daabo (Le choix), suivi deux ans plus tard de Yaaba (Grand-mère). Ce dernier remporte le prix FIPRESCI sur la Croisette en 1989.
En 1990, il sort Tilaï, transposition d’une tragédie grecque dans l’Afrique contemporaine, qui triomphe au festival de Cannes où il est distingué par le Grand Prix du jury ; et au Fespaco, qui le récompense de l’Étalon de Yennenga. Il présidera d’ailleurs le jury du Fespaco en 2003. Tilaï raconte l’histoire d’un amour impossible entre Saga et Nogma, la deuxième femme de son père qui lui était promise deux ans auparavant.
Idrissa Ouédraogo s’est aussi essayé au théâtre. En 1991, il avait mis en scène La Tragédie du roi Christophe d’Aimé Césaire à la prestigieuse Comédie-Française à Paris.
Soleil sur son œuvre et sur le Burkina Faso
«Le Burkina Faso vient de perdre un réalisateur à l’immense talent», qui «aura beaucoup œuvré au rayonnement du cinéma burkinabè et africain hors de nos frontières», a réagi le président du Burkina Faso Roch Marc Christian Kaboré, dans un communiqué dimanche.
«Hier, Idrissa Ouedraogo a fermé les yeux pour de bon, au moment où se couchait le soleil qui a illuminé son œuvre», salue pour sa part Gilles Jacob, délégué général du Festival de Cannes lors de la présentation de Yaaba et Titaï sur la Croisette.
Même poésie et «tristesse profonde» de la part du réalisateur congolais Balufu Bakupa-Kanyinda: «Un maestro est rentré chez lui, derrière l’écran. Dix mille ans de cinéma…»