Face à une opposition qui ne faiblit pas et qui a appelé lundi à trois nouvelles journées de manifestation contre le pouvoir, le gouvernement togolais a décidé de suspendre la conférence de la Francophonie, qui devait se tenir fin novembre à Lomé.
“Le gouvernement togolais (…) informe que la conférence ministérielle de la Francophonie ne pourra plus se tenir à Lomé du 24 au 26 novembre prochain”, a annoncé le gouvernement dans un communiqué.
Aucune raison n’a été donnée pour l’annulation de “cette rencontre internationale de haut niveau”.
Toutefois, le Togo, qui héberge le bureau régional de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) pour l’Afrique de l’Ouest, traverse une grave crise politique depuis plus deux mois et doit faire face à une importante contestation sociale.
L’opposition togolaise a appelé lundi à trois nouvelles manifestations les 7, 8 et 9 novembre pour demander la démission du président Faure Gnassingbé et une limitation rétroactive du mandat présidentiel après deux mois de contestation populaire.
“Nous invitons les Togolais – de l’étranger comme de l’intérieur du pays – à prendre part à ces manifestations pour dire (au président) Faure Gnassingbé que nous ne voulons plus qu’un seul Togolais fasse plus de dix ans à la tête de ce pays”, a déclaré à l’AFP le porte-parole de la coalition de l’opposition, Eric Dupuy. “Et sachant qu’il a déjà fait plus de dix ans, qu’il en tire les conséquences”.
Il a aussi annoncé des meetings à l’intérieur du pays les 28, 29, 30 octobre ainsi que les 4 et 5 novembre.
La coalition qui regroupe 14 partis politiques de l’opposition organise depuis août des marches contre le pouvoir pour demander une limitation rétroactive du nombre de mandats présidentiels.
Elle réclame aussi la démission du président Faure Gnassingbé, à la tête du Togo depuis 2005, et qui a succédé à son père, le général Gnassingbé Eyadéma qui a dirigé le pays d’une main de fer pendant 38 ans.
‘Escalade de la violence’
Seize personnes, dont des adolescents et deux militaires lynchés par la foule, ont été tuées en à peine deux mois, selon un bilan établi par l’AFP. Les violences ont aussi fait quelque 200 blessés.
La semaine dernière, la secrétaire générale de l’OIF, Michaëlle Jean, a “déploré l’escalade de la violence” dans ce petit pays d’Afrique de l’Ouest, assurant maintenir “des contacts réguliers avec les plus hautes autorités togolaises ainsi qu’avec les partenaires régionaux et internationaux”.
Début octobre, la coalition de l’opposition avait “décidé de ne pas rencontrer la mission de l’OIF”, en visite au Togo pour faciliter le dialogue entre les deux parties, arguant ne pas vouloir rencontrer la présidente de cette délégation, Aichatou Mindaoudou.
Diplomate et ancienne ministre du Niger voisin, elle est accusée par l’opposition d’avoir facilité l’ascension au pouvoir de Faure Gnassingbé en 2005, dans un climat de forte répression qui avait fait 500 morts, selon les Nations unies.
Ni le président Gnassingbé ni aucun chef d’Etat de la région ne s’est exprimé publiquement sur cette crise. Le président béninois s’est toutefois rendu à deux reprises à Lomé pour rencontrer son homologue et le ministre ivoirien de la Défense s’est également entretenu avec la présidence.
Le ministre gambien des Affaires Etrangères, Ousainou Darboe, a demandé la démission de Faure Gnassingbé lundi par voie de presse, déclenchant les foudres du gouvernement togolais, qui s’est dit “indigné” dans un communiqué publié lundi soir.
“Robert Dussey (son homologue togolais) proteste avec force contre cette déclaration irresponsable et rejette cette injonction”, note le communiqué du ministère des Affaires Etrangères, soulignant que M. Gnassingbé a été élu.
Le Togo et la Gambie restaient les deux seuls pays d’Afrique de l’Ouest à n’avoir pas connu d’alternance politique, jusqu’aux dernières élections gambiennes de janvier 2017, où la CEDEAO (Communauté Economique des Etats d’Afrique de l’Ouest) est intervenue directement à Banjul pour assurer l’accès au pouvoir de l’oppposant Adama Barrow, qui a remporté l‘élection