Des milliers de Togolais ont manifesté mercredi à Lomé et en province pour exiger des réformes constitutionnelles après des semaines de mobilisation populaire contre le régime de Faure Gnassingbé, a rapporté un journaliste de l’AFP.
Dans les rues de la capitale togolaise, les marches ont commencé en fin de matinée sur trois itinéraires convergeant vers le bord de mer, où les leaders de l’opposition avaient prévu de tenir un meeting.
L’internet mobile était coupé dans le pays, comme lors des manifestations d’août et septembre à l’initiative de l’opposition.
“Nous allons maintenir la pression”, a déclaré durant la marche Jean-Pierre Fabre, le président du principal parti d’opposition, l’Alliance nationale pour le changement (ANC). “Nous exigeons le retour à la Constitution de 1992 avec les conséquences qui en découlent”, a-t-il dit à l’AFP en faisant allusion au départ du président Gnassingbé.
Ce texte, qui prévoit un maximum de deux mandats présidentiels, est l’une des principales revendications de l’opposition depuis plus de 10 ans.
Le chef de l’Etat, qui effectue son troisième mandat, a succédé avec le soutien de l’armée à son père, le général Gnassingbé Eyadéma, décédé en 2005 après avoir dirigé le pays d’une main de fer durant 38 ans.
Il a été réélu à deux reprises, en 2010 et en 2015, lors de scrutins très contestés par l’opposition.
Ses détracteurs entendent également dénoncer “les répressions sauvages” des manifestations précédentes qui ont fait au moins quatre morts et des dizaines de blessés en un mois dans le Nord, région considérée jusqu‘à récemment comme acquise au pouvoir.
Mercredi, des milliers de personnes ont manifesté dans certaines villes du Nord comme Bafilo et Sokodé, où des jeunes occupaient en début d’après-midi la route nationale 1 – unique axe nord-sud du pays -, refusant de se disperser, selon des témoignages d’habitants.
Début septembre, le gouvernement avait tenté un geste d’apaisement en soumettant au vote du Parlement un projet de réforme constitutionnelle prévoyant notamment la limitation à deux mandats présidentiels.
Mais l’opposition a boycotté le vote du texte, dénonçant un texte allant à l’encontre de ses revendications, n‘étant pas rétroactif, ce qui permettrait au président de briguer deux mandats à partir de 2020.
La modification de la Constitution – basée sur le projet de loi du gouvernement – fera donc l’objet d’un référendum “d’ici à la fin de l’année” selon une source proche de la présidence.
Dans un communiqué conjoint, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), l’Union africaine (UA) et le Bureau des Nations unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (Unowas) ont estimé mercredi que ce projet de loi était “une étape importante pour mettre le Togo en conformité avec les normes démocratique”.
Les trois organisations “appellent le gouvernement à fixer une date pour l’organisation du référendum” et “encouragent l’opposition à saisir cette occasion pour faire avancer les réformes constitutionnelles”.
Elles invitent également les deux parties à “poursuivre le dialogue (…) de manière pacifique, conformément aux aspirations légitimes du peuple togolais”.
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